Grande-Arche-La Défense est le nom d’une station du RER A, une destination qui a été la mienne à deux reprises cette semaine. L’objet de mon Escapade 2, 2 comme deuxième et 2 comme deux visites, la première le mardi, la seconde le jeudi.
Comme pour mes balades précédentes, à Paris ou à Cergy, mon petit compact est dans ma poche, prêt à servir, dans la droite ligne de mes résolutions du début de l’année.
Cergy

Me rendre à Paris n’est pas encore un rituel mais cela y ressemble. Le matin, je prends le bus 45 pour me rendre à la gare de Cergy Saint-Christophe. Le soir, au retour, je prends le même bus ou je marche de la gare jusqu’à la maison. Ces petits trajets n’ont rien que de très banal et pourtant il m’arrive de prendre des photos.

Si toute occasion de prendre une photo est bonne, il s’agit néanmoins d’un phénomène marginal car cette semaine mon sujet s’appelle La Défense, et comme dirait le Bernard Tapie des Guignols: « Y’a du boulot! »
Sous le parvis, niveau RER
J’aime les grandes stations parisiennes comme Châtelet-Les Halles. Ma formation d’ingénieur sans doute, mes origines provinciales aussi. La première fois que je suis allé à Paris, j’avais les yeux écarquillés, je n’imaginais pas qu’une si grande ville puisse exister, je découvrais le métro, le RER alors tout neuf, les grands boulevards, les grands magasins… Tout était grand et moi j’étais si petit.
La station de la Défense est une grande station. On y trouve un vitrail, enfin c’est ainsi que je vois cette œuvre d’art. Ses lignes sont fortes et la photographier en noir et blanc m’a paru approprié.

Gigantisme
Évidemment, le plus intéressant à La Défense, ce sont les immeubles, la Grande Arche, les installations, Miró et Calder notamment. Du verre, de l’acier, du béton aussi, et des gens, partout, qui marchent d’un pas plus ou moins assuré, touristes ou Parisiens pressés. Et par-dessus tout, l’immensité des bâtiments. Comment saisir cela, comment le rendre? Ça ne rentre pas. Mon 24 mm est bien impuissant face à ces tours trop grandes pour lui. J’apprendrai vite que, comme pour un paysage, les détails —que j’appellerai ainsi faute d’un terme plus approprié— permettent de restituer la grandeur d’un lieu mieux qu’une vue faite avec un UGA.

Je ne suis pas un spécialiste de la photographie d’architecture mais je sais qu’il faut respecter les verticales, ou alors s’en écarter franchement pour montrer au regardeur qu’il s’agit d’une intention assumée par le photographe. Presque toutes mes images prises à La Défense seront redressées; c’est indispensable.
Je découvre aussi l’importance des reflets, leur impact photographique. Je suis à peine étonné de constater que les gens ne regardent pas, que pour eux tout semble banal. Je dis à peine car j’ai déjà vécu cela, dans les musées notamment. Au Metropolitan de New York, j’étais littéralement scotché face aux Dames d’Avignon. Je les ai regardées un certain temps comme dirait Fernand Raynaud et durant cette période, plein de gens sont passés devant moi sans jeter un regard au chef-d’œuvre de Picasso. Pareil à Venise, la circulation est impossible sur les grands axes. Prenez les petites rues, plus un touriste!

Calder



L’araignée de Calder est un sujet très photographié. Je me suis limité à quelques détails. L’œuvre est à mon goût très mal placée. Elle manque d’air. Elle est imposante par ses dimensions et en même temps petite en comparaison avec les tours voisines. J’ai de la chance car le soleil brille et les taches de lumières sur la peinture rouge humanisent la structure métallique.
Les bas-reliefs de Béatrice Casadesus
En 1980, j’avais été impressionné par ces bas-reliefs représentant des stars du cinéma mondial. Le lieu était un cinéma et les œuvres étaient visibles de l’intérieur. Depuis, le cinéma a été déplacé; aujourd’hui les bas-reliefs se trouvent derrière des vitrages. On les voit moins bien mais ils sont à l’abri.


La tour EDF
C’est ma préférée. Elle est récente, en bon état et son architecture tient la comparaison avec les réalisations récentes de la blobitecture. Ses formes oblongues sont douces et les reflets sur ses parois vitrées sympa. Et puis, comme j’habite une maison tout électrique depuis les années 80, je pense en avoir payé une petite partie.




Reflets
Ils sont partout. J’en ai parlé plus haut mais j’y reviens tellement c’est important pour moi. Grâce aux reflets, je peux photographier Cœur Défense. Telle façade a priori banale peut devenir grâce aux reflets un sujet passionnant.


L’humain
Il suffit d’une présence humaine si petite soit elle sur l’image pour donner une signification ainsi qu’une échelle à celle-ci.
Valérie Jardin
Les humains sont présents dans mes photographies précédentes. Ils donnent l’échelle tout en restant des éléments secondaires de l’image. Ce qui suit est une illustration plus forte de la formule de Valérie Jardin.


Jeudi après-midi, je remarque que la façade du cnit a changé. Des ouvrier•res décollent les panneaux de la publicité géante du dernier téléphone xiaomi. Trois objectifs, images de 108 mégapixels… Je mitraille. Des plans plus ou moins larges. Au cours du post-traitement, je retiendrai l’image qui suit parce que les trois personnages sont clairement identifiables sur le fond blanc. Ces trois figurines fournissent la clé de l’image, son échelle et surtout comme on ne les remarque pas immédiatement elles contribuent à un effet de surprise.

La Grande Arche
Enfin! Chaque fois que je pense à la Grande Arche, je suis triste. Son concepteur, l’architecte danois Johan Otto von Spreckelsen, est décédé deux ans avant la fin des travaux. L’Arche est grande, c’est peu de le dire. L’humain me sera bien utile pour restituer cette impression.


Sur la dalle se trouvent des panneaux de verre en quinconce. Je ne connais pas leurs fonctions précises. Ils participent je pense à bloquer les courants d’air, comme la voile blanche au-dessus. Peut-être servent-ils aussi à réguler le passage. Face à ces panneaux aux reflets fascinants, j’attends mon sujet: un ou des passants qui voudront bien passer tout près devant moi. J’ai beaucoup de chance avec ce skater. Je ne l’ai pas vu venir mais j’arrive à le capter, qui plus est bien placé dans le cadre. Après réflexion je me dis que je dois améliorer ma technique de prise de vues quand je suis en mode photo de rue. Par exemple, sélectionner préalablement le mode rafale.
Pour finir, des images plus stylées
Minimalisme
J’aurais pu dire plus personnelles, au style plus affirmé. Ou des petits plaisirs que je me suis permis.

Quoi qu’on fasse, il y aura toujours du vent au pied de la Grande Arche. Je n’ai pas photographié le dispositif complexe créé pour gérer au mieux les courants parfois forts qui se produisent sous l’Arche. Trop compliqué à mes yeux. Les manches à air m’ont semblé plus intéressantes. Certes la photo est codée; il faut connaître le monument et ses plans de carreaux blancs pour comprendre de quoi il s’agit.
Un peu de couleur

Je ne sais pas exactement à quoi peut servir ce truc. À être beau? Cet usage me convient parfaitement.
Plaque ancienne jaunie ou Collodion humide


Ce n’est pas la première fois que je traite des images avec ce plugin de la Nik Collection mais ce me semble être une nouveauté sur le blog. Ce traitement, je ne saurais expliquer pourquoi, me semble idéal pour des images en contre-plongée où la perspective est chahutée. Peut-être parce qu’il fait penser à des croquis dessinés sur un cahier aux pages jaunes. Un crobar n’a pas à respecter quelque règle que ce soit; c’est comme une note personnelle, totalement libre, détachée de toute contingence.
Carpe Diem est l’immeuble où mon fils aîné travaille. Impossible à photographier de façon orthonormée car il est coincé dans un passage étroit, l’immeuble a de l’allure, je le montre tel qu’on peut le voir en levant la tête.
La dernière image montre la paroi intérieure de la Grande Arche. On n’en voit pas le bout, comme pour Carpe Diem. Le lampadaire au premier plan donne l’échelle.
Conclusion
J’ai vu beaucoup de choses. J’ai pris plein de photos. Et pourtant il reste tant à voir. Je retournerai à La Défense, je monterai en haut de la Grande Arche. J’explorerai les abords. En été, je photographierai les jets d’eau. Le Centre commercial Westfield-Les quatre temps ne manque pas d’intérêt non plus. Là on est plutôt dans la street photography. Il faudrait que je m’y mette; encore un projet à mener. Dans l’immédiat, j’ai d’autres intentions, d’autres lieux de la capitale en vue. Moins gigantesques pour sûr.
5 réponses sur « Grande-Arche-La Défense »
On dirait que tu étais fait pour «monter» à Paris! Très beaux rendus! J’aime beaucoup ta photo en couleurs et tes rendus croquis qui auraient été trop plats non traités ainsi j’ai l’impression.
Belle continuation!
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Ça y est! L’habitude est prise… Tu vas vadrouiller, mitrailler et revenir heureux d’une moisson que tu pourras travailler, fignoler à ton aise !
Mon prof dit qu’il ne faut rien jeter de ces moments de plaisir intense et de jeux photographiques: tout se revoit, peut s’améliorer et évoluer comme notre oeil et nos envies! Il faut donc faire provision de disques durs pour le stockage😉😂🤣
En tout cas, ton blog est de plus en plus captivant… merci !
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Merci Bernard pour ce superbe reportage, des cubes des lignes droites enfin de tout. C’est intéressant, par contre pas l’ombre d’un pissenlit au sol. Tout est si différent de chez nous. Mais bon Paris reste Paris.
Je te souhaite une bonne soirée.
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[…] de la semaine, En Contre-jour, j’ai réalisé quelques images. Une seule a été prise à La Défense —l’orientation du lieu ne s’y prêtait pas à l’heure où j’y étais. Les […]
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[…] plusieurs grues à l’arrière-plan me gênaient, aussi avais-je renoncé à la publier dans Grande Arche-La Défense. Je repense évidemment à la grande fresque proche de la gare de Saint-Christophe: Sérénité, […]
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