J’ai récemment découvert les moodboards, tableaux d’humeur en français, en visionnant un tutoriel gratuit qui montrait comment réaliser ce genre de document sous Photoshop.
Généralités
Issue du monde du web design et des graphistes, la pratique du moodboard consiste à résumer sur un tableau, initialement un tableau physique et désormais de plus en plus souvent un document informatique, les attentes du Client pour la réalisation d’un projet, p. ex. la conception d’un site internet. Mais cela fonctionne également pour tout projet commercial ou artistique, affiches d’un événement, lancement de produit, de marque, réalisation d’un logotype, d’une galerie de photos…
Qui réalise le(s) moodboard(s)? Ce peut être le Client, s’il sait ce qu’il veut précisément, ou le Fournisseur, qui s’en sert pour obtenir l’accord de son Client après un brief.
Que doit-on trouver dans un moodboard? Les éléments essentiels au projet, suffisamment précis pour savoir où l’on va et ne pas faire fausse route. Le moodboard est de ce fait un élément capital du design. Ce n’est pas une vague esquisse, un croquis vite fait mais la synthèse d’un travail rigoureux de compilation de données et de réflexion préalable.
Prenons l’exemple d’un site internet. On trouvera dans le tableau d’humeur la ou les polices de caractères utilisées, une palette de couleurs avec des exemples (couleurs de fond, couleurs des textes, etc.), des photos représentatives de la façon dont on souhaite montrer les objets du site, p. ex. privilégiant les tons pastels, voire des teintes spécifiques, des vues à pic d’articles à vendre, etc. Tout élément fédérateur, un slogan ou une citation, est bon à faire figurer dans un moodboard.
Si vous faites une recherche sur le net, vous verrez que certaines agences ont édité des guides de réalisation d’un moodboard efficace, en insistant sur la sélection rigoureuse des éléments déterminants: compilation large suivie d’une sélection drastique, et sur la clarté du propos du tableau terminé.
Cas d’une mini-série photographique
Si j’en crois l’article de Canva mentionné plus haut, on peut utiliser un moodboard pour plein de choses et, s’il convient pour organiser un mariage, le tableau d’humeur devrait faire l’affaire pour une petite mini-série photographique. En comparaison avec un web design, les choses sont plus simples. Exit les polices de caractères (sauf si on présente sa série accompagnée d’un texte), exit les jeux de couleurs. Pour préparer le défi 26 Mini-série d’ALJPHOTO, du 06/08/2020 au 19/08/2020, j’ai conçu un modèle simple comprenant: un titre, une éventuelle citation, trois images d’archive au maximum, quatre lignes de texte, la première donnant le ton, la deuxième une contrainte de réalisation, les suivantes les deux défis caractéristiques de la série. Mon modèle est simple et cela a deux vertus: rendre le tableau facile à comprendre d’une part, difficile à remplir d’autre part. En devant être drastique pour sélectionner mes trois images d’archives, en n’ayant que quatre blocs de texte et un titre pas trop long pour résumer mes intentions, il me faut choisir, définir les véritables priorités du projet. En d’autres termes, travailler, réfléchir et décanter pour y voir clair. J’ai pu vivre les difficultés énoncées dans les guides de préparation mais rien à craindre, le moodboard est un objet vivant qui évolue, parfois radicalement, avant de prendre sa forme définitive. Qui n’est que la définition initiale d’un projet qui aura lui aussi ses évolutions propres.
Lignes horizontales
Le tableau Lignes horizontales n’a pas été le plus difficile à établir parmi la dizaine de moodboards que j’ai créés en visionnant mes photos d’archives. J’ai eu en revanche une petite appréhension en le voyant terminé. Les images qui y figurent constituent à mes yeux une très jolie petite série. Pourrai-je faire aussi bien quand sonnera l’heure du défi 26? À vrai dire une telle comparaison n’est pas juste: il est plus facile en fouillant parmi des milliers de photos qui s’étalent sur plusieurs années de trouver des images quasi parfaites que d’en réaliser de très bonnes en l’espace de quelques jours. Cette légère inquiétude mise à part, je suis satisfait de mes tableaux car ils constituent une synthèse très concise de mes activités des dernières années ainsi que des pistes de travail pour les années à venir.

Lignes horizontales est devenu une série éponyme de quatre photographies. Comme c’est souvent le cas, la première image, en haut à gauche, a eu une grande influence sur les suivantes. Au format carré, composée de deux surfaces dans un ratio 1:2 (règle des tiers) séparées par une hypothétique frontière horizontale, elle a servi de modèle pour la série.

Pour que les lignes frontières soient parfaitement alignées —un élément fort de la série à mes yeux—, j’ai enrichi la mosaïque finale au fil de l’eau, en la complétant dès qu’une image était aboutie. Cette façon de procéder m’a rendu bien service. Ainsi je pouvais visualiser la série en train de se construire, juger du bien-fondé de l’intégration ou pas de la nouvelle image, revoir la disposition… Satisfait de ce processus, j’ai reconduit la méthode pour les séries que j’ai produites par la suite.
Évidemment, les caractéristiques de la série obtenue diffèrent de celles mentionnées dans le tableau d’humeur. Il n’y a là rien que de très normal. Au fil de la création des pistes nouvelles se font jour, qui peuvent être déterminantes par les contraintes qu’elles imposent aux images à produire. Dans mon cas personnel, le tableau initial n’est pas un contrat rigide à respecter à la lettre mais une synthèse des pistes à explorer. Pour les défis d’ALJPHOTO la contrainte de temps est très forte, il en va autrement pour mes projets personnels, pour lesquels je dois logiquement être plus rigoureux. Mais je garde à l’esprit cette formulation anglo-saxonne: “Done is better than perfect.”
Conclusion provisoire
J’ai produit cinq mini-séries durant les deux semaines consacrées au défi 26. Les deux premières découlent d’un moodboard, les trois suivantes sont plus improvisées mais la méthode consistant à enrichir au fur et à mesure la mosaïque de quatre images carrées a été respectée. Ne serait-ce que pour cette raison, mes tableaux d’humeur ont été productifs.
Mais il y a plus important. En établissant mes premiers tableaux, la plupart encore très incomplets à ce jour, j’ai pu faire le point sur ma production photographique, séparer le bon grain de l’ivraie, mener une réflexion d’ensemble, mieux cerner ce que j’aime faire et voir les points à améliorer. Et ce travail n’est pas perdu car les tableaux que j’ai réalisés existent bel et bien et ne sont pas voués à disparaître de ma mémoire. Ainsi j’ai pu me poser, prendre du recul, disposer d’une base de travail. C’est essentiel.
J’envisage d’étendre l’objet de mes moodboards. Une série peut être la source d’un nouveau moodboard, affiné, légèrement différent. En partant d’images en stock (libres de droit) je pourrai explorer des pistes nouvelles pour lesquelles je n’ai pas d’images d’archive. En réfléchissant plus finement à de futures chroniques de ce blog, mes articles devraient gagner en contenu, en qualité et en profondeur. Enfin, je l’espère.
Une photographie ne fait pas forcément partie d’un projet aussi est-il vain de chercher à créer des tableaux d’humeur à tout crin. Mais, par exemple, lorsque je me baladerai dans Cergy (ou ailleurs) et que je photographierai des maisons, des bâtiments… il est possible que cela contribue à faire vivre une série architecturale, de reflets, de boutiques, que sais-je encore?
J’espère que ma chronique vous aura plu. Prenez soin de vous. À bientôt!
4 réponses sur « Les tableaux d’humeur ou moodboards »
Une belle mise en oeuvre du bloc-feuille d’idée sur laquelle je griffonne mes idées et qui sont très loin de ton niveau de « propreté »! Plusieurs vertus, cela permet de se rendormir sans que le cerveau ne nous dise : » Si tu t’endors, tu oublieras… » et de faire évoluer le travail. Très bonne idée le tableau d’inspiration extérieur! Bonne continuation pour tes recherches.
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Merci Émilie pour ce commentaire très intéressant. J’ai découvert les moodboards récemment et depuis j’approfondis le concept. Sur les conseils de Jennifer du groupe L’Atelier Photo, je me suis remis à Pinterest. Je crée des tableaux, pour améliorer mes moodboards, pour glaner des idées de série et améliorer leur mise en scène. Je découvre le stylisme photo, que tu vas expérimenter avec les natures mortes (si ce n’est déjà fait).
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Merci Bernard pour le clin d’œil et le lien vers le groupe 🙂 Je vais partager ce billet très intéressant sur ma page Facebook, je te laisse le partager toi même sur le groupe si tu le souhaites 😉
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Merci beaucoup Jennifer pour ce retour très positif et pour le partage sur ta page Facebook. 😍
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