Alien or not Alien?

Dimanche dernier, je reçois un mail de la part de l’admin du groupe flickr Smile on Saturday. En résumé, juste ceci — c’est une traduction car le texte original est en anglais — :

« Samedi prochain, nous aurons un thème que vous avez proposé.
J’espère que vous publierez une image!? »

Vous noterez la ponctuation quelque peu bizarre. Et très efficace au demeurant. D’une part, l’exclamation pour signifier clairement que l’on attend une photo de mon cru — parce que je suis à l’origine du thème retenu ; d’autre part, l’interrogation pour mettre en doute ma capacité à publier quelque chose.

Venons-en au thème du samedi 13 avril 2019. Il s’appelle Minimal-egg-tic. Ce n’est pas exactement ce que j’avais proposé. Dans ma liste de propositions de défi, il y a Minimalistic, c’est tout. Mais ce thème a déjà été traité ; il s’appelait Less Is More, la devise des artistes minimalistes. Alors, pour corser la difficulté, comme nous approchons de Pâques, l’admin a ajouté cette condition : le sujet est un œuf — tout ce qui ressemble de près ou de loin à un œuf fait l’affaire mais la photo devra contenir beaucoup de negative space pour être minimaliste. Ce n’est pas exactement ma vision du minimalisme mais cela se tient et je l’accepte.

Comme je suis poli, j’ai répondu à l’admin de Smile on Saturday que je ferai tout mon possible pour publier une image, tout en précisant que le thème n’était pas facile.

En effet, ce n’était pas facile. Œuf , minimalisme, œuf + minimalisme, je tourne tout ça dans ma tête mais rien ne vient. Je sens une pression inhabituelle au-dessus de moi et cela me dessert. En désespoir de cause, je finis par me résoudre à tenter une prise de vues avec un œuf unique, posé sur un papier raisin noir. Sous-exposition obligatoire à cause du fond. En ce moment, j’aime faire des low key — j’ai attrapé le low key si je puis dire ‘-) — alors je pousse un peu la correction, entre -3 et -2 IL. Qui sait ? Cela pourrait être intéressant.

Vient l’heure du post-traitement. Chez moi, c’est ce qui me prend le plus de temps. D’abord la sélection ou plutôt l’élimination des photos inintéressantes ; facile : une vue centrée mettant en évidence la forme parfaite de l’œuf est le meilleur choix. Ensuite le traitement lui-même : je découvre alors que le low key était une excellente idée. Lors de la prise de vues, même sur l’écran arrière de mon boîtier, même si celui-ci était réglé sur monochrome, l’éclairage de l’œuf paraissait uniforme, enfin presque uniforme. Sur l’écran de mon ordinateur, une fois l’image passée en noir et blanc, il suffit de pousser un peu le contraste et les bords de l’œuf s’assombrissent. Je tiens mon sujet ! Juste un œuf certes mais avec cet éclairage — qu’il me reste à améliorer —, l’image devient mystérieuse et me fait immanquablement penser à la saga des Alien de Ridley Scott et consorts. Une fois encore, je me sers des possibilités offertes par Lightroom et la Nik collection pour obtenir le rendu désiré. Suggérer la forme de l’œuf juste ce qu’il faut, ne pas trop éclairer le sujet mais suffisamment pour percevoir les détails de la surface. Un bel exercice, très plaisant au sujet duquel je me dis que si il était proposé à dix photographes différents les dix rendus seraient différents.

Pourquoi vous dire tout cela ? D’abord, cela me fait plaisir et j’aime raconter des histoires sur mon blog. Ensuite, il y a une morale, un conseil souvent entendu, prodigué par de nombreux auteurs — américains notamment — au sujet de la créativité. Quand on est en panne de créativité — ce qui arrive très souvent — la solution est de s’y mettre. Si l’on écrit, on commence par écrire, peu importe ce qui vient, on l’écrit et on continue à écrire. L’idée finit par arriver. Si l’on est photographe, de même, faire des prises de vues…

N’attendez pas l’inspiration pour créer.
Créez et l’inspiration viendra.

Nicolas Croce

Je vous souhaite un bon week-end et vous dis : « À bientôt pour une autre photochronique ! »