Un matin d’éclaircie

L’endroit le plus emblématique de Cergy est l’Axe majeur, conçu par l’artiste israélien Dani Karavan. J’aime m’y promener, de préférence avec des amis. Ce matin-là, je suis avec mon ami René, en route pour une promenade de deux heures environ, histoire d’avoir nos dix mille pas au compteur, au moins. Entre retraités, nous nous sommes entendus pour nous voir et marcher ensemble régulièrement.

Nous sommes au début de notre parcours ; j’habite à proximité de l’Axe majeur. Nous nous engageons sur la Passerelle pour nous rendre à la base de loisirs, sur l’autre rive de l’Oise. Le soleil a du mal à percer mais il est perceptible derrière les nuages. Il est presque aligné avec la Passerelle et sa lumière se reflète sur les bords rouges de l’ouvrage d’art. Je m’arrête. Je dois faire une photo ! Pas d’appareil avec moi — ce n’était pas le but de la ballade — juste mon téléphone. Zut !

J’ai déjà pris la Passerelle en photo, au ras des pâquerettes, mon reflex monté sur un mini-trépied posé à même le sol, pile au milieu des dalles. Dans ces conditions, la perspective — surtout avec un grand angulaire — est très impressionnante. Je suis en terrain connu. Pour la composition, je ne me pose pas de question, contrairement à mes habitudes. Je m’accroupis, pose mon téléphone sur le sol, essaie du mieux possible d’être dans l’axe du pont. Le chemin est dégagé. Personne en vue, ni marcheur, ni coureur. Pas de déjection canine. Le détail qui tue, qui pue aussi en l’occurrence. Déclenchement avec minuterie pour ne pas bouger au moment de la prise de vue et hop ! C’est dans la boîte.

L’affaire, en tout et pour tout, a pris une trentaine de secondes. René est très compréhensif mais, comme toute personne qui accompagne un photographe, il s’impatiente assez vite. Sur ce coup-là, j’ai été rapide — pour une fois. René trouve étrange que je n’ai pas attendu que quelqu’un se présente. Un être humain, c’est la vie et, pour l’architecture, cela donne une mesure de la taille des constructions. « C’est vrai, lui dis-je, mais le résultat est très différent avec et sans présence humaine ».

Nous reprenons notre marche. L’instant est si beau, et pourtant si simple, que je m’efforce d’en profiter au maximum. Convaincu des bienfaits de la pleine conscience à défaut de la pratiquer régulièrement, je respire un bon coup, je m’écoute, je prête attention à tout ce qui m’entoure, aux bruits en priorité parce que c’est ce que j’ai naturellement tendance à occulter. Je sens le souffle de l’air quand nous passons au-dessus de la rivière. Je suis dans le présent et je suis heureux.

En fin d’après-midi je poste l’image sur ALJPHOTO. Le défi de la semaine est Compositions diagonales. D’autres défis eussent mieux convenu, p. ex. Compositions symétriques ou Ras des pâquerettes, mais la règle d’or du site facebook est de ne jamais publier d’images d’archives. Alors va pour Compositions diagonales. La photo est très bien accueillie. Elle n’est pas techniquement parfaite, certains trouvent à redire sur la symétrie, elle n’a pas la finesse d’une image prise avec un capteur de plus de 20 Mégapixels mais le sujet spectaculaire, la composition, le rouge de la paix de Dani Karavan et la lumière ont raison de ces objections.

Quelques semaines plus tard, je ferai allusion au succès de cette image dans un commentaire sur ALJPHOTO. Il s’ensuivra une longue et très intéressante discussion. Qui fera l’objet d’une autre photochronique.

2 réponses à « Un matin d’éclaircie »

  1. Avatar de Suis-je un artiste ? – Photochroniques

    […] les articles précédents, Un matin d’éclaircie montre une vue classique de la […]

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  2. Avatar de Encore la Passerelle – Photochroniques

    […] le matin, je me promène avec mon ami René. Je suis presque exactement au même endroit que pour Un matin d’éclaircie — également avec René — mais le point de vue est totalement […]

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