Grande-Arche-La Défense est le nom d’une station du RER A, une destination qui a été la mienne à deux reprises cette semaine. L’objet de mon Escapade 2, 2 comme deuxième et 2 comme deux visites, la première le mardi, la seconde le jeudi.
Contrairement à ce que j’annonçais dans ma précédente chronique, je ne me suis pas rendu cette semaine à Paris cette semaine. Ce n’est que partie remise. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, j’ai remplacé mon escapade parisienne par une promenade. Promenade = je pars de chez moi, je marche, prends quelques photos et rentre à la maison. C’est bon pour la santé, plus court qu’une escapade parisienne et cela m’oblige à voir mon quartier autrement, à le (re)découvrir.
« Il y a beaucoup de choses magnifiques autour de nous, et les gens ont tendance à ne pas le remarquer. »
Saul Leiter
Ce vendredi de promenade, le défi d’ALJPHOTO est Photographier à pleine ouverture. Mon compact n’est pas le meilleur choix techniquement parlant; un reflex avec un objectif macro ou un 70-200 mm donne un meilleur bokeh mais avec son ouverture maximale de 1.8/2.8 mon petit appareil n’est pas si mal loti.
En haut de ma rueRont-point du Haut de Gency
Nous sommes en hiver. On observe déjà des bourgeons mais pas de fleurs hormis quelques perce-neige. Au coin de ma rue, de hautes herbes sèches que je photographie avec en arrière-plan les maisons aux murs en briques de Leers. Un peu plus loin, le grand carrefour circulaire du Haut de Gency avec ses saules pleureurs. Le défi en cours exige une zone floue, contrainte à laquelle je dois ajouter le format carré et le noir et blanc (voir C’est parti!). Sans ces obligations je n’aurais sans doute pas pris ces images. Des vues opportunistes — ce n’était pas le but de ma promenade — de lieux a priori sans intérêt photographique qui peuvent devenir plaisants voire attachants s’ils sont convenablement présentés. La photo des herbes sèches recevra un accueil très positif sur facebook et sur instagram. Certains commentaires évoquent un changement de style.
Le véritable but de ma promenade est la zone Aren’Park – Plaine des sports. Un lieu multiple avec d’un côté des installations sportives (stade de football, tennis, patinoire, magasin Décathlon) et de l’autre des commerces variés (Leclerc, La Vie claire…), un hôtel et des restaurants. Le lieu est récent et cela m’arrange car j’aime bien photographier les choses neuves ou presque parce qu’elle ne sont pas encore dégradées. J’aime aussi le wabi-sabi mais alors les dégradations doivent être suffisamment avancées pour être intéressantes.
Arrivé sur place, je me mets à observer. Je n’ai pas envie de montrer le lieu tel que tout le monde le voit. Je veux le montrer autrement, offrir une vision différente de la vision ordinaire, en cadrant (ce qui est le passage obligé de toute photographie) et par là en éliminant beaucoup de choses, en choisissant des angles inhabituels, des points de vue comme au ras du sol ou à pic, en me consacrant à mes thèmes favoris: abstraction, graphisme, minimalisme, avec un parti-pris esthétique.
Les bardages de la zone commerciale
Le sol est un genre qui me plaît. À l’Aren Park, les passages pour piétons ressemblent à des codes à barres; c’est très curieux (photo de couverture). Les bardages sont de qualité; ils sont plans et couverts de panneaux rectangulaire de gris variables, allant du noir au blanc. Il y a là de quoi réaliser quelques images très graphiques.
Fenêtres du restaurant del’Arte
Les murs du restaurant del’Arte sont blancs, à peine sales. Quand j’aperçois le luminaire et l’inscription Pasta au travers de l’une des petites fenêtres du mur latéral, je suis séduit. L’image devra être redressée pour que les lignes soient bien verticales mais un mur avec ses fenêtres qui font penser à des tableaux accrochés dans un salon, c’est trop craquant.
Restaurant del’Arte et Aren’ice
L’Aren’ice, la patinoire salle de spectacles, est voisine du restaurant. Je l’ai déjà photographiée par le passé. Je fais à nouveau quelques prises mais je constate que les reflets sur les vitres de del’Arte sont tout aussi dignes d’intérêt. En noir et blanc, si j’en crois ce que je vois sur l’écran de mon appareil, cela devrait bien rendre.
Les diptyques ou 6 = 3 x 2
De ma promenade, je retiendrai six images. Désormais je suis très strict lors de la phase d’élimination du post-traitement (editing en anglais). De nombreux auteurs recommandent d’être impitoyable et de ne garder que le bon. Encore une résolution à tenir en 2020 et après. Les deux première photos seront publiées sur ALJPHOTO pour le défi 04 Photographier à pleine ouverture. Les quatre autres iront seulement sur flickr et instagram. Difficile de les associer au défi d’Anne-Laure Jacquart.
Ces six clichés se prêtent parfaitement à une présentation en diptyque. Ce n’est pas intentionnel pour les deux premiers tableaux. Pour le troisième et dernier, comme le sujet est le même les points communs sont nombreux et l’association est naturelle. Je vous laisse juge.
Diptyque 1 – Association formelle: herbes <> arbres qui penchentDiptyque 2 – Association formelle: lignes de fuiteDiptyque 3 – Association par le sujet, tons et matériaux identiques
Je vous souhaite une bonne semaine et vous dis à bientôt. Pour une nouvelle escapade, qui sait?
Aujourd’hui, les transports étant opérationnels, je me suis offert ma première escapade à Paris. J’y reviendrai. Le sujet me tient à cœur; il fait partie de mes résolutions de 2020.
Il fait froid. Dans le quartier du Palais-Royal comme ailleurs. Je (re)découvre Les Deux Plateaux, plus connus sous le vocable Les Colonnes de Buren. Plein de gens, des touristes, asiatiques pour la plupart, s’activent, qui assis•e au sommet d’une colonne, qui le téléphone ou l’appareil photo à la main, shootent à-tout-va.
J’ai choisi pour titre de cette chronique un mot-valise : la compression d’autoportraits et de reflets, ou comment photographier les reflets de sa propre image.
J’aime faire mon autoportrait
J’aime faire mon autoportrait. D’abord pour des raisons pratiques évidemment ; je n’ai pas de modèle — d’ailleurs saurais-je photographier un modèle si j’en avais un ? — et je n’ai pas de photographe pour me tirer le portrait. Ensuite, et surtout, parce que j’aime ça : ce dialogue avec moi-même, me voir comme un autre sur l’écran, me montrer aux autres, créer mes souvenirs. Quand j’ai commencé cet exercice consistant à se photographier soi-même, j’étais très troublé ; il n’est pas facile de se couper en deux, encore moins d’y voir clair. Mais j’ai très vite vu l’intérêt de me mettre en scène, en premier lieu pouvoir donner une image de moi dont personne d’autre n’aurait l’idée, tout en étant persuadé qu’un photographe différent faisant mon portrait aurait également une vision personnelle des plus intéressantes.
L’autoportrait peut être symbolique, ne pas montrer mon visage mais simplement exprimer quelque chose qui est très fort en moi. Inversement, il peut être des plus classiques, mise au point sur les yeux, en noir et blanc.
Le premier autoreflet de cette chronique, Rester calme, est un remake, une nouvelle version d’une image prise dans les mêmes conditions en février 2019. Il paraît qu’il fait peur. Je n’irai pas jusque là mais j’admets que la position de mes mains peut faire penser à un braquage ou que je suis prisonnier, coincé à l’intérieur d’un vitrage double.
Rester calme
Pour le second autoreflet, Après réflexions, j’ai utilisé deux miroirs. Le plus petit des deux est clairement identifiable ; son cadre métallique dans le quart bas gauche est la seule chose qui soit réelle, le reste de la photographique n’étant que reflets. Le second miroir, de grandes dimensions, constitue l’arrière-plan de l’image, noir car l’image est volontairement sous-exposée pour un effet low key. On y voit mon visage, l’autre côté du petit miroir où l’on peut me voir également, et ainsi de suite.
Après réflexions / Spiegel im Spiegel (Arvo Pärt)
Gageure que cette image lorsqu’on est seul ! La prise de vues s’est faite en aveugle ; le live view ne m’était d’aucune aide car je ne pouvais à la fois me voir sur l’écran de l’appareil et me placer convenablement face aux miroirs . J’ai procédé par tâtonnements et, heureusement, j’ai fini par obtenir le présent cliché sur lequel mes trois visages sont intéressants. Je reste persuadé que l’on peut mieux faire mais il faut être deux pour la prise de vues, le cadrage tout particulièrement.
Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de semaine et vous dis à bientôt !
Photographie inspirée par le slogan “ Cinq fruits et légumes par jour ” et par mes souvenirs fantasmés des sixties.
Quelques dates de la carrière d’Andy Warhol :
1962 – Diptyque Marylin,
1962 – Campbell’s Soup Cans,
1964 – ouverture de la première Factory.
Rien n’est le fruit du hasard. Je lis en ce moment Just Kids, roman autobiographique de Patti Smith : sa vie avec Robert Mapplethorpe, comment ils sont devenus artistes, la bohème, le New York du Chelsea Hotel, de la Factory et — je l’ignorais — l’amour de Patti Smith pour la France, Paris, la poésie française, Rimbaud, Baudelaire et Apollinaire.
Au fond de mon assiette Le ciel se reflète Et d’une tache bleue Fait de moi un heureux
Cette image est la petite sœur de Je prenais mon café : même défi ALJPHOTO — Le cadre dans le cadre —, même présentation en quelques bouts rimés, même lieu de prise de vues.
Le reflet au fond de l’assiette est celui d’un Velux, encore un ! J’ai déjà publié deux images de ces puits de lumière, dans Multiplier les regards. Pour mémoire, il y a aussi une photo prise à l’extérieur dans Freya.
Ici le regard est différent. Le sujet n’est pas le puits de lumière mais la vue du ciel qu’il offre à qui veut bien en profiter. Ce rectangle d’azur occupe une proportion très faible de l’image mais il attire l’œil par sa couleur et sa luminosité. Sur facebook, j’ai eu d’excellents retours ; il est question de pureté, de poésie, de fragilité, de sérénité. J’ai reçu en revanche peu de likes. Il fut un temps où je vivais mal l’apparente contradiction entre la chaleur des approbations et leur faible nombre. Depuis j’y vois un signe favorable car c’est souvent ce qui arrive pour mes meilleures images.
Je termine sur cette précision à l’attention des membres du groupe ALJPHOTO : si l’image a été publiée à l’occasion du défi Le cadre dans le cadre, elle me semble mieux s’inscrire parmi les Photographies minimalistes et les Compositions abstraites.
J’ai pris cette photo ce matin, je l’ai traitée cet après-midi et publiée sur ALJPHOTO dans la foulée. Le défi de la semaine est La magie des reflets. Pour autant, je n’ai pas renoncé à mes orientations habituelles, mon attirance vers l’abstrait tout particulièrement.
J’ai réalisé ce diptyque parce que je n’arrivais pas à me décider entre la version couleur et la version noir et blanc. En général, ma préférence va au monochrome en niveaux de gris mais, sans doute parce que cette image est contrastée et plutôt abstraite, la couleur lui va bien. On peut également concevoir le diptyque comme un tout, un dialogue entre deux images à la fois semblables et différentes.
Pour le plaisir, j’ai tourné l’image noir et blanc de 180°. De ce fait, et aussi parce qu’elle est monochrome, elle est plus abstraite que la version couleur. J’aime aussi — mais là c’est très personnel — l’idée consistant à présenter la réalité autrement que sous son aspect ordinaire, bien identifiable. Je sais que tout le monde n’aime pas cela mais cette vision des choses me tient à cœur.
Je termine ici ma chronique la plus courte à ce jour. À bientôt !